quand je crée la carte du Vivier, un restaurant de fruits de mer à Belle-Ile-en-Mer
Par Patricia Gallot-Lavallée, 4 octobre 2012 à 16:40 :: Experience design :: #618 :: rss
Le Vivier est un restaurant que j'apprécie particulièrement, c'est donc avec grand plaisir que lorsque le propriétaire m'a demandé de re-designer la carte, j'ai accepté. Je suis super contente de ce projet car cela fait presque 2 mois que la carte est en place et les retours sont très très bons.
La première étape a été de trouver le format. Nous étions à la recherche du beau, tout en restant dans une ambiance bistro, non intimidante. C'est un restaurant où vous pouvez aussi bien manger pour 12 euros par personne que pour 150. Donc il fallait trouver cet équilibre. Quand j'ai commencé à travailler sur le projet, je finissais Beauty... je cherchais donc aussi à créer de l'harmonie entre le restaurant et les futures cartes. J'ai contacté la société Menus&Services car je voulais travailler en équipe avec des gens qui avaient l'expertise des menus (mentions légales, durabilité des cartes, ergonomie, bonnes pratiques...) et une équipe en standby pour les mises à jour. Je n'ai pas envie que le chef soit coincé avec la mise en place de sa nouvelle carte parce que je suis en cours avec des étudiants pendant 2 semaines.
Avec la carte des vins, j'ai cherché à créer une complicité avec la personne qui allait choisir le vin pour la table. La carte des vins, dans son écrin derrière lequel on peut se cacher, donne des astuces au lecteur sur comment choisir le bon vin en fonction de qui est à table avec lui et de ce qu'ils commandent.
Pour le Vivier, je ne suis pas partie sur créer l'émotion du J'adooore, mais plus sur le "That's nice". Le propriétaire, le chef, le second sont des gens simples qui aiment les bonnes choses. J'ai donc opté pour un mix de lien, d'univers et d'humour. J'aurais pu partir dans une expérience Scarcity en mettant en avant AOC des produits qu'ils utilisent. Mais non, ce n'était pas eux... tous ces chichis. Ah et le client voulait que les gens apprennent des choses en lisant la carte. Ca, c'est très "That's nice", donc ça m'allait.
J'ai aussi mis en avant, ce que je savais du lieu, des investissements faits, pour démontrer en quoi ce restaurant était super, pourquoi les moules étaient si bonnes. Des choses que le propriétaire m'avait dites, mais que les serveurs n'avaient pas le temps de répéter.
Parce que le Vivier est un endroit qui mérite d'y revenir, j'ai voulu mettre en avant, leur côté amoureux de la cuisine et des produits de saisons. Pour cela, nous avons créé une section "les éphémères de l'été, les éphémères de l'automne....". Nous mettons la carte à jour toutes les saisons. J'ai bien insisté pour que les textes qui accompagnent les plats soient mis à jour. Car, je le sais, quand les gens aiment quelque chose, ils en veulent plus. Donc, il faut se renouveler, pour permettre aux clients d'avoir une expérience renouvelée.
En conclusion: la première carte a été mise en place, fin juillet. Pendant le mois d'août, l'équipe m'a surtout indiqué que les plats piliers du Vivier qui avaient mis en avant ont particulièrement été commandés. Pour le vin aussi, j'en suis ravie car la bouteille phare du Vivier est particulièrement expérientielle donc c'est chouette que la carte mène les clients à la meilleure expérience possible du restaurant. J'avais bien pris garde à conserver une ergonomie de carte optimale, afin d'en permettre une lecteur rapide. L'expérience design (l'humour, le lien, l'univers) est en quelque sorte caché dans les petits textes sous les plats. Septembre a vu une autre type de retours. Les clients moins pressés par le temps lisent toute la carte. Le chef m'a dit : "Beaucoup de gens me disent que la carte est très très sympa". Et moi, je dis : "Cool, CQCC, C'est ce Que je Cherchais à Créer!"
Nous venons de sortir la carte d'automne et j'ai réussi à intégrer de nouveaux textes "sympa" tout en respectant l'esprit de la première carte. Je suis contente car pour un bon branding, un bon design d'expérience, il faut réussir à garder son style tout en changeant.
Cette carte me permet aussi de démontrer que le design d'expérience, peut être léger, proche de la personnalité du lieu, du client. Je me voyais mal leur demander de se déguiser en homard et d'aller chahuter les touristes sur le bateau de Belle-Ile !
Après la sortie de la première carte, le client, qui est mon Papa, m'a dit : "Tu devrais aller voir tous les restaurants et leur vendre ça". Même mon charismatique exigeant Papa est content, alors, que dire d'autre que "je suis ravie"!
Commentaires
1. Le 5 octobre 2012 à 10:52, par Séverine Roly
2. Le 5 octobre 2012 à 11:49, par Patricia Gallot-Lavallée
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