quand le prix nobel Daniel Kahneman parle d'expérience
Catégorie : Experience design. Ecrit par Patricia Gallot-Lavallée, le 30 octobre 2012 à 10:49
Cette vidéo est tellement riche d'information que je ne sais quoi mettre en avant. Allez, peut-être le coup de la coloscopie ? (4:40). Pas que je rêve de reproduire cette expérience exactement, mais plus cette idée que - ce sont les changements, les grands moments et plus particulièrement, la fin d'une expérience qui seront mémorisés.
quand Tim Leberecht (Frog) donne d'autres exemples de Design d'expérience
Catégorie : Experience design. Ecrit par Patricia Gallot-Lavallée, le 17 octobre 2012 à 13:08
quand Walt Disney appelle son château une saucisse
Catégorie : Experience design. Ecrit par Patricia Gallot-Lavallée, le 15 octobre 2012 à 11:15
En ce moment, je suis en train de lire L'art du Game Design de Jesse Schell pour voir si je peux prendre de bonnes idées à appliquer dans la vraie vie et je tombe sur cet exemple que je trouve bien rigolo.
Jesse Schell explique dans son livre qu'il est important de laisser aux utilisateurs une sensation de liberté. Mais bon, le problème c'est que parfois ils ne savent pas où aller pour vivre une expérience fun et bloquent un peu le passage. C'est pour éviter ces problèmes que le château de la Belle au Bois dormant est toujours placé au centre des parcs Disney.
Walt Disney savait qu'il y a un risque que les visiteurs entrent dans le parc et stationnent à l'entrée ne sachant pas où aller. Le château est placé de telle manière que les yeux des clients s'y portent immédiatement dès qu'ils entrent dans le parc, et il ne faut pas attendre longtemps avant qu'ils ne commencent à s'y diriger. Ils arrivent alors assez rapidement à l'échangeur principal de Disneyland, à partir duquel un certain nombre d'éléments visuels les attirent dans différentes directions.
Walt avait même un nom particulier pour ce genre de technique. Il appelait ça une "saucisse" visuelle, en référence à la manière dont les chiens sont parfois contrôlés sur les plateaux de cinéma : un dresseur tient un morceau de viande en l'air et le bouge pour diriger le regard du chien. Extrait de l'Art du Game Design par Jesse Schell
quand je suis en amphi avec les A2, 150 étudiants
Catégorie : Experience design. Ecrit par Patricia Gallot-Lavallée, le 8 octobre 2012 à 11:09
Ce matin, lundi matin, pluie, 8h30, je suis face à presque 150 étudiants, si si vous pouvez compter, pour 3 heures d'amphi... et j'ai la pression.
Quand on m'a annoncé que j'allais devoir animer un amphi, obligatoire, de 3 heures, un lundi matin, à 8h30, avec des années 2. J'ai eu un choc. Après quelques jours à râler dans mon coin, j'ai décidé de saisir cette occasion pour tester mes dernières découvertes en Design d'expérience.
Finalement, si les ingrédients N°3 Suspense et de N°4 Surprise de J'adooore m'ont appris quelque chose c'est que :
- les gens sont attirés par les réponses aux questions qu'ils se posent.
- que finalement dans les bons films et les bons livres, le lecteur est particulièrement actif,
- que de créer de la surprise, c'est une bonne idée.
Alors pour transformer 3 heures d'amphi en quelque chose de fun, j'ai décidé d'appliquer les règles du storytelling, saupoudrées d'un peu de Scarcity.
Vous ne croirez peut-être pas, mais les deux images ci-dessus appliquent le même modèle. Pour ouvrir et fermer pleins de questions, j'ai envoyé un teaser "plan du cours" quelques jours avant l'amphi. Bon, peu l'avaient lu, mais c'est pas grave, cela m'a donné mon plan d'action. Le cours était designé pour répondre aux problématiques proches des étudiants.
Personnellement, je trouve que les conférences qui donnent trop de théorie, c'est soporifique, j'ai donc opté pour un cours bourré d'exemples concrets. Et puisque que Suspense m'a bien fait comprendre que finalement, l'audience doit être active, j'ai proposé aux étudiants, d'élaborer leur propre théorie. J'ai appliqué, par la même occasion, à 8h40, la méthode du Light/Shine/Desire mise en avant par Chris Anderson.
A 10h, j'ai copié J.K Rowling dans la stratégie qu'elle utilise pour créer de la surprise. J'ai fait exprès de faire croire aux étudiants que j'allais faire un cas d'étude sur les bouteilles de lait. Mais en fait, j'ai fait un cas d'étude sur les bouteilles d'eau. (!) Ce qui m'a permis de démontrer, tout en cohérence, que parfois le référencement naturel, cela ne suffisait pas, qu'un site plaquette pour une marque d'eau, que la plupart des gens s'en fichaient. Donc qu'ils leur restaient la gamification (ex: thedeepestsite.com) ou la métaphore de ce que les gens aimeraient faire (http://letsbabydance.evian.com/, puisque beaucoup de gens aimeraient bien avoir un t-shirt Evian baby). J'ai piqué la super slide de Stéphane sur les dynamiques de gamification, enlevé le foulard qui cachait une 10ène de bouteilles d'eau et demandé aux étudiants de proposer des idées de gamification de sites web pour des marques d'eau. Un tenait une bouteille de Vittel, une autre une bouteille d'eau écossaise, un groupe avait une bouteille d'Hépar. Oui, mon sac est lourd quand j'arrive en cours.
Bref, j'ai demandé aux étudiants de proposer des idées. C'est dur, de prendre la parole dans un amphi de 150 personnes quand on a 21 ans et que nos potes d'amphi ont la critique très facile. J'ai attendu... un peu. Et une personne s'est lancée. Pour le féliciter de son courage, je lui ai donné un t-shirt Evian (resté caché jusque là), je ne voulais pas ce que soit un deal de type "celui qui me donne une idée, a un cadeau". Ca, c'est pas bon. C'était plus, "maintenant que tu as fait un truc super, voilà un cadeau incongru, pas forcement très cher, mais rare et désirable". (voir le livre Drive de Dan Pink).
Une autre étudiante s'est lancée. Et elle aussi a eu un t-shirt.
A la fin du cours, j'ai demandé aux étudiants de me lister ce qu'ils mémorisaient du cours, ce qu'ils avaient aimé et ce avec quoi ils n'étaient pas d'accord.
En lisant, les retours de étudiants, moi, je dis : "Cool, CQCC ! C'est ce Que je Cherchais à Créer".
Voilà, je suis repartie avec un sac plus léger. Merci aux A2 de l'IIM, vous avez été super, j'espère que le cours vous servira, très bientôt.
quand je crée la carte du Vivier, un restaurant de fruits de mer à Belle-Ile-en-Mer
Catégorie : Experience design. Ecrit par Patricia Gallot-Lavallée, le 4 octobre 2012 à 16:40
Le Vivier est un restaurant que j'apprécie particulièrement, c'est donc avec grand plaisir que lorsque le propriétaire m'a demandé de re-designer la carte, j'ai accepté. Je suis super contente de ce projet car cela fait presque 2 mois que la carte est en place et les retours sont très très bons.
La première étape a été de trouver le format. Nous étions à la recherche du beau, tout en restant dans une ambiance bistro, non intimidante. C'est un restaurant où vous pouvez aussi bien manger pour 12 euros par personne que pour 150. Donc il fallait trouver cet équilibre. Quand j'ai commencé à travailler sur le projet, je finissais Beauty... je cherchais donc aussi à créer de l'harmonie entre le restaurant et les futures cartes. J'ai contacté la société Menus&Services car je voulais travailler en équipe avec des gens qui avaient l'expertise des menus (mentions légales, durabilité des cartes, ergonomie, bonnes pratiques...) et une équipe en standby pour les mises à jour. Je n'ai pas envie que le chef soit coincé avec la mise en place de sa nouvelle carte parce que je suis en cours avec des étudiants pendant 2 semaines.
Avec la carte des vins, j'ai cherché à créer une complicité avec la personne qui allait choisir le vin pour la table. La carte des vins, dans son écrin derrière lequel on peut se cacher, donne des astuces au lecteur sur comment choisir le bon vin en fonction de qui est à table avec lui et de ce qu'ils commandent.
Pour le Vivier, je ne suis pas partie sur créer l'émotion du J'adooore, mais plus sur le "That's nice". Le propriétaire, le chef, le second sont des gens simples qui aiment les bonnes choses. J'ai donc opté pour un mix de lien, d'univers et d'humour. J'aurais pu partir dans une expérience Scarcity en mettant en avant AOC des produits qu'ils utilisent. Mais non, ce n'était pas eux... tous ces chichis. Ah et le client voulait que les gens apprennent des choses en lisant la carte. Ca, c'est très "That's nice", donc ça m'allait.
J'ai aussi mis en avant, ce que je savais du lieu, des investissements faits, pour démontrer en quoi ce restaurant était super, pourquoi les moules étaient si bonnes. Des choses que le propriétaire m'avait dites, mais que les serveurs n'avaient pas le temps de répéter.
Parce que le Vivier est un endroit qui mérite d'y revenir, j'ai voulu mettre en avant, leur côté amoureux de la cuisine et des produits de saisons. Pour cela, nous avons créé une section "les éphémères de l'été, les éphémères de l'automne....". Nous mettons la carte à jour toutes les saisons. J'ai bien insisté pour que les textes qui accompagnent les plats soient mis à jour. Car, je le sais, quand les gens aiment quelque chose, ils en veulent plus. Donc, il faut se renouveler, pour permettre aux clients d'avoir une expérience renouvelée.
En conclusion: la première carte a été mise en place, fin juillet. Pendant le mois d'août, l'équipe m'a surtout indiqué que les plats piliers du Vivier qui avaient mis en avant ont particulièrement été commandés. Pour le vin aussi, j'en suis ravie car la bouteille phare du Vivier est particulièrement expérientielle donc c'est chouette que la carte mène les clients à la meilleure expérience possible du restaurant. J'avais bien pris garde à conserver une ergonomie de carte optimale, afin d'en permettre une lecteur rapide. L'expérience design (l'humour, le lien, l'univers) est en quelque sorte caché dans les petits textes sous les plats. Septembre a vu une autre type de retours. Les clients moins pressés par le temps lisent toute la carte. Le chef m'a dit : "Beaucoup de gens me disent que la carte est très très sympa". Et moi, je dis : "Cool, CQCC, C'est ce Que je Cherchais à Créer!"
Nous venons de sortir la carte d'automne et j'ai réussi à intégrer de nouveaux textes "sympa" tout en respectant l'esprit de la première carte. Je suis contente car pour un bon branding, un bon design d'expérience, il faut réussir à garder son style tout en changeant.
Cette carte me permet aussi de démontrer que le design d'expérience, peut être léger, proche de la personnalité du lieu, du client. Je me voyais mal leur demander de se déguiser en homard et d'aller chahuter les touristes sur le bateau de Belle-Ile !
Après la sortie de la première carte, le client, qui est mon Papa, m'a dit : "Tu devrais aller voir tous les restaurants et leur vendre ça". Même mon charismatique exigeant Papa est content, alors, que dire d'autre que "je suis ravie"!